Un enfant de la balle

 

 

Pierre est un enfant de la balle. Sa mère Henriette Ragon, a rencontré Jean Billon au début de la guerre, et ils se sont mariés quelques mois plus tard. Ils s'installent dans le loiret et Jean s'engage dans la résistance locale (en août 1944, il participera à la libération de Paris). Fin 1945, ils s'établissent à Montmartre et, après des affaires infructueuses, ils découvrent une petite boutique à louer en haut de la Butte. Il n'y a ni eau, ni gaz, ni électricité, mais Jean est certain que c'est une affaire à ne pas manquer. Il entreprend lui-même les travaux afin d'ouvrir une pâtisserie (il n'y en a aucune sur la Butte).               Le succès est immédiat, et en 1948, ils achèteront le local voisin pour le transformer en restaurant. Un jour, se joignant à un groupe de fêtards, Lady Patachou reprend les refrains de l'époque. A partir de ce moment, elle gravit rapidement les marches du succès, devient Patachou et son restaurant, transformé en cabaret, devient un des endroits les plus en vue de Paris. Patachou deviendra une ambassadrice célébrée de la chanson française à travers le monde, et plus particulièrement aux Etats-Unis.

Pierre va donc connaître une vie d'enfant d'artiste. Mais en dépit de ses nombreuses tournées, son fils restera toujours pour Patachou sa priorité n°1 ; elle refusera par exemple l'offre de tourner "Vera Cruz" avec Burt Lancaster pour ne pas être absente à la communion de Pierre. Les liens qui unissent la mère et le fils semblent particulièrement forts, si l'on en juge par les déclarations de Patachou elle-même:
" J'ai toujours fait la part des deux. J'ai toujours eu deux vies parallèles et différentes mais la priorité a toujours été pour ma famille, pour mon fils Pierre (…) Il a toujours été en surimpression de tout ce que j'ai fait. Ma maison était là où IL était. Jamais ma carrière n'a empiété sur sa vie, sur nos vies. Et je continue " Patachou va passer beaucoup de temps aux Etats- Unis, et Pierre y fera des études, ce qui contribuera sans doute à son amour de l'Amérique.
Sur la butte Montmartre co-existent à l'époque différents cabarets, et parmi eux, à partir de 1960 celui de Fernand Sardou. Pourtant c'est dans les coulisses d'un théâtre où leurs parents jouent ensemble que Pierre Billon et le jeune Michel Sardou vont faire connaissance.
 

Pierre avec sa mère, la chanteuse Patachou

 

 

Pierre en 1978, avec sa femme Martine et leur nouveau-né Pierre-Michel

 

 

 

 

Fernand Sardou : " … La comédie musicale " Impasse de la fidélité " que nous jouions aux Ambassadeurs et dont Patachou était la vedette avait changé de théâtre. Elle était passée à l'ABC. Comme toujours, Michel venait, lorsqu'il était en congé, passer sa soirée avec nous au théâtre. Patachou avait un fils qui était à un an près du même âge que lui. Pendant que nous jouions, les deux gosses sortaient ensemble. J'assistais chez Michel à la naissance d'une amitié qui ne devait jamais se démentir tout au long de sa carrière. Même âge, mêmes goûts, mêmes idées, mêmes ambitions : la chanson, la chanson, la chanson. Ils étaient inséparables, nous jouaient bien sûr des tours pendables, passaient leurs fins de semaines aux Puces, vendaient leurs vêtements, des vêtements corrects et coquets payés de nos sous, pour s'acheter des fringues invraisem- blables, des peaux de bêtes de bergers mongols, des trucs 'mouzabis' encapuchonnés qui ressemblaient à des chemises de nuit et à des robes de Pères blancs. Ma femme n'arrêtait pas de rouspéter mais cause toujours… Cette génération-là, plus ils sont habillés marque-mal, plus ils sont contents. " Les Sardou de père en fils "- Editions Julliard

 La musique, Pierre a donc baigné dedans depuis l'enfance, il l'aime et s'en rapproche de plus en plus : il apprend à jouer de la guitare et trouve un emploi dans une maison de disques.

 

Fin des années 70, avec Johnny Hallyday et Liza Minelli

 
Pierre : " Je travaillais aux Editions Musicales Klay Bar, où je m'ingéniais à faire perdre, à ladite édition, des contrats mirobolants, contractés avec les Etats-Unis, l'Angleterre, etc. Comme j'excellais dans mon œuvre de destruction, j'avais compris très vite que la maison pourrait bien, dans un jour très prochain, se passer de mes services… "

 Pierre et Liza au "Queen" en 1996
 Nous sommes en 1968, et malgré son amour de la musique, Pierre ne s'est pas encore lancé dans la composition. Ses retrouvailles avec Michel Sardou seront, semble t-il, décisives sur ce point.

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